Le cinéma lié aux peintres
Voici une liste de films concernant la peinture que je peux recommander (ou pas…) car je les ai vus il y a plus ou moins longtemps :
BIG EYES (2014)
Très beau film d’un Tim Burton plus sage qu’à l’accoutumé mais la patte est là. Histoire vraie, passionnante et cruelle traitée de façon subtile et brillante d’une usurpation d’identité. Interprétation magnifique des deux protagonistes : le peintre incarnée par une Amy Adams toute en finesse et sensibilité et le mari usurpateur par un Christophe Waltz machiavélique et faux à souhait.
DIALOGUE AVEC MON JARDINIER (2007)
Film réalisé par Jean Becker avec Daniel Auteuil et Jean Pierre Darroussin. Il narre le retour aux sources d’un peintre parisien qui choisit de s’installer dans la maison de son enfance. Il fait appel à un homme pour entretenir son jardin. Un lien fort va se tisser entre les deux protagonistes.
Le film ne m’ayant pas « accrochée » plus que cela, je parlerai plutôt de l’auteur du livre éponyme dont est tiré ce film.
Henri Cueco (1929) est un peintre et écrivain français (romans et essais) d’origine espagnole qui fait partie de 1960 à 1972 d’une nouvelle génération de peintres contemporains. En pleine période de l’abstraction il défendra la figuration. Il s’emparera entre autre des moyens techniques des mass média (aplats de couleur, pointillés, rayures, figures découpées…). Dans les années 80 il revient aux natures mortes et aux paysages. Dans les années 90 il peint des petits paysages depuis son atelier en Corrèze.
Pour résumer, le thème permanent, récurrent de son travail est le rapport de l’homme à la nature. Je vous recommande d’aller faire un tour sur le Net du côté de cet auteur. Vraiment intéressant.
FRENCH CANCAN (1954) A voir et à revoir. Jean Renoir, digne fils du peintre Auguste Renoir nous montre avec maestria les coulisses d’un spectacle de cabaret dans le Montmartre de la Grande Epoque. Tour virevolte, les tissus, les couleurs comme les corps. Véritable hommage au spectacle populaire inspiré de la vie du fondateur du Moulin-Rouge.
Avec Jean Gabin, Françoise Arnould, Maria Felix…
LA BELLE NOISEUSE (1990) Film de Jacques Rivette avec Emmanuelle Béart, Michel Piccoli et Jane Birkin.
Un jeune couple visite l’atelier d’un peintre célèbre mais ayant déserté son atelier depuis dix ans. Le jeune homme voyant une toile inachevée d’un nu appelé « la belle noiseuse », il décide de persuader le peintre vieillissant de reprendre cette oeuvre avec pour modèle sa compagne. La jeune femme va relever le défi. En dehors des tensions entres les personnages, j’ai surtout aimé le passionnant document sur le travail en train de se faire. N.B. : La main du peintre en action est celle du peintre figuratif Bernard Dufour.
LA JEUNE FILLE A LA PERLE (2004) Film de Peter Webber avec Scarlett Johansson et Colin Firth.
Au XVII siècle, âge d’or de la peinture hollandaise, le peintre Vermeer va s’émouvoir devant une jeune servante ce qui provoque la jalousie des femmes de la maison (épouse, belle-mère et gouvernante) et qui va engendrer un scandale au sein de la ville. A voir absolument surtout pour la belle et lumineuse Scarlett mais aussi pour le traitement des décors de l’époque, de l’histoire ainsi que l’atelier de Vermeer. NB. Qui est la jeune fille à la perle ? C’est un mystère car la peinture n’est pas un portrait mais ce qu’on appelle un « tromie » c’est à dire un visage fantaisiste qui représente un certain caractère. Seule une rumeur circule : la fille de Vermeer, Marie, qui était à l’époque âgée de 12/13 ans pourrait être le modèle.
LA VIE PASSIONNEE DE VINCENT VAN GOGH (1956)
Film de Vicente Minnelli et de George Cukor avec Kirk Douglas et Anthony Quinn.
Film qui relate la vie mouvementée du célèbre peintre depuis la Belgique jusqu’à Auvers-sur-Oise où il se suicide, en passant par Arles et Saint-Rémy-de-Provence. La mise en scène de Vicente Minnelli est toute de couleur flamboyantes. Les acteurs sont parfaits : Kirk Douglas (golden globe du meilleur acteur -1957-) et Anthony Quinn impressionnant (Oscar du meilleur second rôle -1957-). Le film se porte surtout sur la psychologie très tourmentée du peintre. Ses oeuvres sont très bien mises en valeur. A voir tout prix.
LE TABLEAU (2011) DE JEAN-FRANCOIS LAGUIONIE
Le peintre est un dieu cruel. Il n’a pas achevé son tableau. Il a abandonné les créatures qui y résident à leur société hiérarchisée. Eclatants de couleurs, arrogants et rondouillards, les personnages « finis » y forment la caste dirigeante. Dans l’ombre, exploités, maltraités, il y a les mal peints, les inachevés. Et, tout en bas de l’échelle… picturale, se terrent de pauvres esquisses, lumpenproletariat graphique dont les lignes noires rappellent Giacometti. Pour rétablir l’égalité, une petite délégation, toutes classes confondues, décide de quitter le tableau pour retrouver le peintre. L’idée est lumineuse. Elle est le malin prétexte à une rêverie sur l’art. Chaque étape de l’aventure, d’une toile à l’autre, dans un atelier abandonné, correspond à un hommage. L’odyssée mène de Modigliani et Cézanne à Picasso et sa période bleue, en passant par une géante alanguie, qu’on croirait dessinée par Matisse.
J’ai emprunté cette critique de télérama (Cécile Mury) car elle correspond en tout point à ce que je pense et ressens de cette animation. J’ajouterai que je trouve le choix des couleurs superbe, de magnifiques contrastes et un graphisme classique mais plein de surprises.
MR TURNER (2014)
Film de Mike Leigh avec Timothy Spall, Paul Jesson, Dorothy Atkinson.
Ce film ne se concentre que sur les dernières années du peintre incarné par un acteur de grande classe au talent prodigieux, Timothy Spall. Il incarne à merveille cet homme à la fois subtil mais aussi frustre et d’aspect négligé comme le décrivait Delacroix, ainsi qu’un être solitaire. Le film nous plonge dans de superbes paysages à l’image des oeuvres du peintre précurseur de l’impressionisme. De plus Mike Leigh a su saisir les décors et costumes très soignés de l’Angleterre aristocratique du 18eme siècle. Surtout à ne pas rater.
POLLOCK (2003)
Film de Ed Harris avec ed Harris, Robert Knott, Marcia Gay Harden
Vie du peintre Jackson Pollock, abstrait du 20ème siècle. Admirable Ed Harris à la fois très tourmenté, alcoolique chronique, ce qui va causer sa perte, en doute constant dans sa création artistique. J’ai personnellement apprécié la présentation de ce génie de façon simple, un homme sans artifices, nous montrant en toute humilité ce génie que fut Pollock, ce qui le mènera à la postérité. Coup de griffe aussi à l’intelligencia hermétique et changeante selon l’air du temps.
Film génial d’un acteur et réalisateur génial.
SERAPHINE (2009)
Film de Martin Provost avec Yolande Moreau, Ulrich Tukur.
Le film narre la rencontre en 1912 d’une femme de ménage de 48 ans (Séraphine Louis, dite Séraphine de Senlis) et du marchand d’art chez qui elle travaille puis l’amitié qui va en découler. Quel bonheur de voir Séraphine préparer ses couleurs qu’elle fabrique elle -même la nuit à la lueur des bougies et mettre en scène à l’infini la nature qu’elle aime tant. Yolande Moreau (César de la meilleure actrice en 2009) incarne brillamment cette artiste hors du commun et d’une très grande fragilité. Ulrich Tukur joue avec finesse cette amitié improbable entre le collectionneur et critique d’art et cette femme si singulière. Tout y est sensible, touchant et connaître l’oeuvre de Séraphine de Senlis vaut bien la peine de regarder cette pellicule.